LES « PRIERES SUR LE LAC » DE SAINT NICOLAS VELIMIROVIC, OU L’HOMME DEIFIE DU CHRISTIANISME COMME ANTITHESE DU SURHOMME DE NIETZSCHE

Abstract

Les Prières sur le lac est l’ouvrage le plus célèbre du saint évêque Nicolas Vélimirović (1881-1956). À première lecture, cette œuvre rappelle par sa composition et son style Ainsi parlait Zarathoustra. L’ouvrage le plus célèbre de Nietzsche, auquel Mgr Nicolas s’est intéressé de très près dans les années qui ont précédé la rédaction des Prières sur le lac, au point d’en préfacer l’édition serbe. La similitude stylistique s’explique avant tout par le fait que les deux auteurs ont puisé leur inspiration à des sources bibliques communes, en particulier les livres des Proverbes, de l’Ecclésiaste, de la Sagesse et du Siracide. Au niveau du contenu, Les Prières sur le lac se distingue radicalement d’Ainsi parlait Zarathoustra et en est même une antithèse. Le choix de Mgr Nicolas d’adopter un style et une composition semblables à ceux de cette dernière œuvre est lié à l’intention d’opposer à l’enseignement faussement inspiré du pseudo-prophète zoroastrien – qui est une figure de l’Antéchrist qui vient nier l’homme au profit d’un « Surhomme » qui nie Dieu et puise sa force dans les ressources de la seule nature – , un enseignement chrétien authentiquement inspiré par la Tradition, qui révèle le Christ – Dieu qui a humblement assumé l’homme avec toutes ses faiblesses sauf le péché –, comme seule Vérité, seule Vie et seul Chemin permettant à l’homme d’accomplir la finalité de son humanité dans la déification par grâce. Quant à la vision cosmique de l’auteur, très présente dans cette œuvre, elle ne s’explique pas, comme l’ont affirmé certains critiques, par une influence des religions de l’Extrême Orient, mais reflète d’une manière concrète la théologie des logoi de saint Maxime le Confesseur et la théologie des énergies divines de saint Grégoire Palamas. Dans les Prières sur le lac, sont en fait abordés presque tous les thèmes relatifs à la vie spirituelle chrétienne, depuis sa base (la conversion de l’esprit et du cœur) jusqu’à son sommet (la vision de Dieu et la déification en Christ par l’Esprit).